Souffle sain pour vent toxique (4)

En ce temps où personnellement j'ai du mal à faire jaillir une créativité et où, au contraire, je n'arrive qu'à écouter l'invisible en moi, j'ai tendance à faire jaillir ce qui existe, ce qui est présent depuis longtemps déjà. Ce sont des lectures saines qui n'ont rien de particulier, et c'est pour cela qu'elles sont saines.

Texte gnostique. Donc à lire, non pas entre les lignes, mais entre les mots, voire entre les lettres. Ce type de texte, je tente de ne lire que l'espace, que “l'entre” qui est (à la fois) l'eau du Bain. Bain de lumière, océan de pardon dans lequel je baigne. Cette lecture qui éclaire l'entre ouvre la porte à la conscience ressentie de cet océan, et, cà et là, pfouf! je récolte un moment de grâce, la grâce de sentir le présent – c'est-à-dire le pardon – me caresser continuellement.

Evangile de la vérité (extrait, Nag Hammadi)

Veillez à comprendre spirituellement, — vous, les fils de la compréhension spirituelle — ce qu’est le sabbat. C’est le jour où il ne convient pas que le salut soit inactif. Faites en sorte de parler à partir du jour supérieur qui est sans nuit, et à partir de la lumière qui ne se couche pas, car elle est parfaite.

Parlez donc de l’intérieur, vous qui êtes le Jour parfait. C’est en vous que demeure la lumière sans déclin. Parlez de la Vérité à ceux qui la cherchent et de la connaissance à ceux qui ont péché par erreur. Affermissez les pieds de ceux qui chancellent et tendez vos mains à ceux qui sont faibles. Nourrissez les affamés et ceux qui sont fatigués, donnez-leur le repos. Remettez debout ceux qui désirent se relever. Réveillez ceux qui dorment. Vous êtes assurément l’entendement capable d’appréhension. Si la force (de votre parole) est comparable à cela, elle a encore plus de force.

Portez attention à vous-mêmes, ne portez pas attention à ce qui est étranger : c’est ce à quoi vous avez renoncé. Ce que vous avez vomi, ne revenez pas le manger, ne soyez pas dévorés par les mites ni mangés par les vers, vous vous en êtes déjà affranchis. Que le Diable n’élise pas domicile en vous, vous l’avez déjà annihilé. Ne renforcez pas ce qui vous fait trébucher, et qui est en train de s’effondrer, car il s’agit d’une consolidation. En effet, le hors-la-loi, c’est quelqu’un qui est porté à faire davantage d’injustice que la Loi, mais celui-là, pour sa part, commet ses actes parce qu’il est injuste, tandis que celui-ci, parce qu’il est juste, commet de tels actes par le truchement d’autres. Maintenant, vous, accomplissez la volonté du Père car vous êtes nés de lui.
Assurément, le Père est doux et dans sa Volonté se trouve ce qui est bon. Il a pris connaissance des biens que vous possédez, de sorte que vous vous reposerez sur eux. Car c’est aux fruits que l’on connaît vos possessions.

Les enfants du Père sont son parfum, car ils existent par la grâce de son regard. Voilà pourquoi le Père aime son parfum et le manifeste partout. Or, même s’il se mélange à la substance matérielle, il communique son odeur à la flamme et dans sa quiétude, il monte plus haut que n’importe quel son de toute espèce. Car ce ne sont pas les oreilles qui sentent le parfum, mais ce parfum, c’est le Souffle qui possède la faculté de le sentir. Il l’aspire, quant à lui, jusqu’à lui-même, et il (le parfum) s’immerge dans le parfum du Père. C’est ainsi qu’il le restaure et le fait remonter là où il provient, hors de l’effluve auparavant refroidie. Il se trouve dans un modelage psychique, qui existe à la manière d’une eau froide répandue dans une terre mouvante, si bien que ceux qui la voient supposent qu’il n’y a que de la terre.

Après quoi, il se libère à nouveau: tandis qu’un souffle l’aspire, il se réchauffe.

https://www.naghammadi.org/sites/naghammadi.org/files/uploads/traductions/NH-I-3-%C3%89vangile-de-la-v%C3%A9rit%C3%A9.pdf