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Souffle sain pour vent toxique (9)

En ce temps, ce sont des lectures saines qui m'animent.

“Immobile, silencieux et aligné”

Entrevue avec Patrick Burensteinas, alchimiste

Sur les lieux sacrés, exemple Rocamadour.

Il faut que les lieux sacrés ne soient pas massacrés. Il y a d’ailleurs une remarque, je déteste ça, ça m’énerve. Les gens sont devenus « indomaniaques » et font des stupas partout, ça sert à rien. C’est pas la même tradition et ça détruit détruit les lieux. Parce que les mecs prennent les pierres qui sont là et ils font des tas de constructions idiotes sans aucune raison, je ne sais pas d’où vient cette tradition. Ils mettent des vœux et que sais-je, non ça ne sert à rien. Et en plus, c’est antinomique avec l’énergie du lieu. Ca c’est de l’histoire qu’on fait de l’homme qui a vu l’homme qui a vu l’ours sans qu’il n’y ait aucune source. Mais ils font des choses qu’ils ont cru comprendre. Et ils font des choses simples, faciles à faire et qui donnent pour eux des résultats rapides. Parce qu’ils ne font jamais du travail dans le temps.

Suivre une voie, c’est le travail d’une vie. Là, si tu fais deux jours d’ayahuasca, tu es grand maître machin. C’est pas ce qu’on veut. Ca nécessite un réel travail, la purification est proportionnelle à ton épaisseur. Donc, le type qui trouve la lumière au bout de 5 secondes, il n’avait besoin d’aucune voie en vrai. Et il peut suivre n’importe laquelle. Mais ce qui est navrant, c’est que les gens font ça comme des ânes, sans qu’il n’y ait aucune source. C’est de l’imitation. Dans une ville où il n’y a pas de poubelles, tu ne jettes pas de déchets par terre. Mais si tu mets un tas de poubelles au milieu de la même ville, deux minutes après, tu as 50 tonnes de déchets. Ben, là c’est pareil. Et d’autant plus que ça détruit vraiment les lieux. Ca fait l’effet contraire, parce qu’il y a des lieux qui sont à des points géodésiques parfaitement équilibrés et qui fonctionnent et qui font du « spriritus ». Et le fait de faire ça, fait que ça ne fonctionne plus. Et en plus, physiquement ça détruit les lieux. C’est bien pour ça que la tradition dit « transmission », c’est qu’on ne donne pas un fusil chargé dans les mains d’un enfant de deux ans. Il faut connaître la personne, il faut savoir… il faut expliquer surtout. Tu dois connaître les tenants et les aboutissants.

Je veux dire, tu as des rituels, des machins qui sont sur internet ou ailleurs. Les gens disent allez-y, faites-le, il va se passer un truc. Peut-être il va se passer un truc, mais tu fais quoi après ? Les mouches curieuses, il y en a plein dans les toiles d’araignées. Et après, tu dis aux gens, démerdez-vous avec ce qui arrive ! Ben non. Tu ne peux pas faire ça. Tu es responsable de ce que tu transmets. Si tu expliques aux gens voilà à quoi ça sert, voilà comment ça marche. Et qu’ils aient les tenants et les aboutissants, mais dès fois ça peut prendre des années, ils ne finiront pas par détruire les lieux, il vont animer les lieux, ils vont le transmettre à leur tour. Mais si tu n’as rien compris, tu vas faire le premier truc qu’on te dit. Je vois plein de gens qui font ça mais ils signent un chèque en blanc, faut avoir super confiance. Un mec qui te dis, tu vas voir ça te fera ça et tout, et puis ça te saute à la figure, c’est démerde-toi.

Les voies traditionnelles tombent en désuétude?

Non, pas en désuétude, elles ne sont pas suivies. Les gens qui veulent faire vite, ça ne marche juste pas. C’est juste de l’illusion. Ils sont dans une prison, et ils vont dans une autre en se collant des plumes, ce n’est pas pour ça qu’ils sortent de la prison. Ils changent le décor de leur prison. Le type qui tire les anges pour savoir qu’il doit aller aux toilettes entre 13h44 et 14h12, pour moi, il n’est pas plus libre qu’il ne l’était avant. On est libre de ne rien faire, on est libre de se bercer d’illusions. C’est comme allumer la lumière dans la prison, c’est pas toujours confortable.

Le type est dans un canapé super confortable, il se plaît là-dedans. Pan, j’allume la lumière et il voit qu’il se vautre dans un tas d’ordures. C’est confortable aussi, mais ça ne vas pas lui plaire. Qu’est-ce qu’il va faire. Deux solutions : où il sort, il bouge, ou alors il éteint la lumière, il oublie qu’il est dans les ordures. Celui qui suit la voie, c’est un réel travail. Un réel engagement. C’est pour ça souvent qu’il y a un maître. Et le maître lui évite justement l’illusion, ce qu va donner les tenants et les aboutissants. Et le disciple va râler, ça n’ira pas aussi vite qu’il veut, il aura des difficultés… Suivre une voie, c’est se dépouiller de quelque chose, et ceux qui en suivent pour avoir quelque chose vont être forcément déçus puisque le but c’est de retirer des choses. Et on voit plein de gens qui commencent à suivre une voie, et qui disent : « Je ne comprends pas, c’est pire qu’avant, pourquoi je fais ça ? » C’est normal ! Puisque tu te dépouilles.

C’est comme une pile d’assiettes. Tu est en train de faire le ménage, mais quand tu retires une assiette, tu va en révéler une sale en-dessous. Toi, tu as juste masqué ça et tu dis que c’est cool je l’ai déplacée. Mais tu n’a rien déplacé, tu as juste caché. Donc, et c’est le problème des voies initiatiques, c’est que le premier travail, c’est pas de remplir, c’est de vider. Si tu veux te vider, il faut d’abord faire de la place. Et c’est difficile, parce que c’est des fois des trucs auxquels tu est attaché. Tu as cru une chose toute ta vie et on te dit non, il faut jeter ça. Moi, je le vois avec les gens qui ont des pierres. Ils ont des super pierres qu’ils ont payé super chers. Et on leur dit vous allez faire un trou et vous allez les y mettre, parce que vous êtes des esclavagistes à pierres. Elles ont leur vie aussi. Vous croyez qu’elles sont là pour être à votre service. Rendez-les à la nature. « Ah ben non, elle me plaît, non, j’ai eu du mal à l’avoir, non ça ma coûté cher. » Quand on suit une voie initiatique, la première question qu’on doit se poser c’est qu’est-ce qu’on est prêt à perdre. Et la réponse, c’est tout, même la forme.

Vous avez dit: “on ne choisit pas la voie, c’est la voie qui vous choisit”.

Je confirme. J’en suis intimement convaincu. Si avant que je ne commence, on m’avait dit que je ferais de l’alchimie, j’aurais dit: “Ca va pas, non?” D’ailleurs, j’ai commencé comme ça. J’ai commencé à faire de l’alchimie pour prouver que ça n’existait pas. Je me suis dit qu’est-ce que c’est que ce fatras de superstitions moyenâgeuses. Et j’ai commencé à faire les expériences en me disant que ça n’allais pas marcher, sauf que ça a marché. Et ça m’est tombé dessus, réellement, je ne sais pas comment ça m’est tombé dessus, je ne peux pas savoir. C’est pas vous qui décidez.

Comment être heureux, ici et maintenant?

C’est un pléonasme. “Etre”, c’est être heureux. Et quand on dit “Je suis heureux”, c’est un pléonasme. “Etre” c’est déjà le bonheur. Attention, ne pas confondre “plaisir” et “bonheur”. Le plaisir est individuel. Le bonheur est collectif. D’ailleurs on nous a vendu une société de plaisir en nous faisant croire que c’était le bonheur. Et c’est pour ça qu’on est malheureux parce que ce n’est pas la bonne nourriture. Le nombre de choses qu’on a désiré ardemment et quand on l’a eu on l’a rangé dans un placard. Le bonheur, c’est quand tout est à sa place, vous aussi mais vous ne savez pas pourquoi. Si vous vous posez la question de pourquoi vous êtes bien, vous ne l’êtes plus. C’est pas du désir, le bonheur. C’est tout est à sa place. Donc comment être heureux ici et maintenant? Il faut être ici et maintenant.

Ca commence par la contemplation. Tout est beau autour de nous. Moi, je vais voir un mouchoir froissé par terre, je vais dire “ah! C’est sale, c’est moche!” Mais si je regarde précisément, et que je regarde la forme.. On a des moments de grâce ou tout est beau. Par exemple, il pleut. Vous allez râler parce qu’il pleut. Mais si vous regarder les gouttes d’eau dans une marre, c’est d’une beauté absolue. Donc c’est un état d’esprit aussi. Le bonheur, vous allez dire que c’est un état d’être. Non, c’est juste être. Qu’est-ce qui vous empêche d’être ? Souvent, c’est la préméditation. Méditez, ne pré-méditez pas. Si vous êtes dans un monde de cause et d’effets, vous ne faites que gérer les effets en espérant que ça marche, alors que l’idée c’est d’être la cause et d’avoir des effets sans causes. Sinon votre vie devient le choix des contraintes. On dit que la différence entre l’initié et le profane ; quand l’initié cherche du travail, le profane cherche des excuses. Donc, avancez sur votre chemin. Et jamais rien n’est inéluctable. Tout est possible, c’est seulement plus ou moins probable.

Combien d’énergie êtes vous capable de mettre dans quelque chose ? Je ne sais pas, vous êtes au pied de l’Everest, et je te donne une petite cuillère et je vous dis « la montagne qui est là, tu la mets là. » Tu vas dire, c’est pas possible. Si, c’est possible, ça va juste prendre du temps. Mais si vous êtes 100 millions de personnes avec une petite cuillère, ça va prendre une journée. Donc, dites-vous bien que rien n’est impossible, rien. Et plus vous « être », et plus c’est possible. Tous les organismes depuis la nuit des temps qui ont survécu, c’est ceux qui ont collaboré. Tous ceux qui ont été dans la compétition, ont disparu. Même si à un moment, ils ont été les premiers de cordée, mais ils ont été poussés par les autres. Donc, vous voulez être heureux alors commencez à collaborer. Et là vous vous approchez du bonheur. Je mange quelque chose tout seul à table, ça me fait plaisir. On est entre amis, on est heureux. C’est le même plat. Un exemple, c’est l’énergie surnuméraire, d’où elle vient ? Je bois un verre de vin, il est bon. Je connais le viticulteur, il est meilleur. Et pourquoi ? Je mange un fruit pris d’un arbre. Il est le même que celui pris d’une barquette. Et pourquoi ? Parce qu’il y en a un qui a du « spiritus ». Le bonheur, c’est ce « spiritus ».

L’alchimiste, c’est ce qu’il cherche. Il cherche le dissolvant, il s’en badigeonne partout, et plus il s’en badigeonne, plus il va rayonner aussi. Donc plus son propre contact va mettre du dissolvant aux autres, et plus les gens vont être heureux. C’est ce qui nous rend intelligents aussi. On visite une cathédrale, par exemple. Et je vous raconte tout ce qu’il y a dessus. Et tout le monde me regarde en me disant, « mais pourquoi il nous dit ça, c’est une évidence, ça va de soi. » Deux jour après vous revenez tout seul et vous ne comprenez plus rien. C’est pas que vous êtes devenus bête, c’est que vous n’êtes plus dans ce « spiritus ». on n’est plus ensemble. Le collectif est plus intelligent que l’individuel. Pas dans le mental, mais justement dans l’absorption. Le temple est plus important que l’individu tout seul – la contemplation. Donc, vous voulez être heureux, ce sera forcément collectif. Et c’est ici et maintenant. C’est dans le présent. D’ailleurs quand on fait un cadeau, c’est toujours un présent. C’est pas un passé, ni un futur. Donc, arrêtez de regarder loin devant, et arrêtez de dire ah ! ce sera mieux demain. Non, c’est comme les gens qui parlent de réincarnation et qui disent ah ! la prochaine vie sera meilleure que celle-là. Mais vous vous êtes peut-être dit cela déjà dans la vie d’avant.

Donc c’est ici et maintenant que vous pouvez agir. Donc bougez-vous, arrêtez de vous plaindre. Celui qui est vide, se plaint. Tout le temps. Et vous êtes avide. Et quand vous êtes avide et que votre voisin a un truc, vous dites « c’est pas juste ». Par contre, si vous êtes complet et que votre voisin a un truc vous vous dites « c’est bien », vous êtes heureux pour lui. Donc le bonheur, c’est vraiment collectif. C’est vraiment la leçon qu’on doit comprendre aujourd’hui avec tout ce qui se passe dans notre monde. On est à la croisée des chemins, là. On a le choix aujourd’hui pour une des premières fois dans l’humanité de choisir une société de collaboration, ou une société de compétition. Une société de compétition, c’est mort. D’ailleurs tous les gens qui espèrent retrouver le monde « d’avant » rêvent, il n’y a aucune chance. Ou aucun risque plutôt. Moi j’ai pas du tout envie de la société d’avant. J’ai envie d’une société où les gens sont heureux. Mais ça ne peut être que collectif, la répartition des ressources. Comment est-il possible de vivre dans un monde où pour qu’il y en ait peut qui aient beaucoup, il faut qu’il y en aient beaucoup qui aient peu? Faut arrêter avec ça. C’est un monde de plaisir, c’est ce qu’on nous vend.

Les gens sont malheureux dans une entreprise, qu’est-ce qu’on fait ? On leur met une table de ping-pong et on ne comprend pas que les gens fassent tous grève. C’est normal, c’est le bonheur qu’ils cherchent et on leur met du plaisir, ils en ont rien à battre. C’est extrêmement simple, et c’est pour ça qu’on trouve pas. Et il y a une raison mécanique d’être heureux aussi, c’est soyez immobile, silencieux et aligné. Immobile, c’est arrêter de courir partout. Silencieux, c’est celui qui parle n’écoute pas. Lao Tseu disait on a une bouche et deux oreilles, c’est qu’on doit parler deux fois moins qu’on écoute. Et aligné, pourquoi, parce l’information circule beaucoup plus dans un corps aligné que dans un corps chaotique. C’est l’image entre le diamant et le charbon. Les deux c’est du carbone pur. Donc pourquoi y en a-t-il un qui est dur et transparent et l’autre qui est noir et mou ? C’est les contraires alors que c’est le même corps. Donc on ne peut pas dire que les différences dépendent de la matière. Non, elles dépendent de l’alignement. Le diamant est aligné sur trois axes alors que le charbon n’est aligné que sur deux axes. Plus vous êtes aligné, plus vous laisserez passer la lumière. Aligné, immobile et silencieux, ça c’est la méthode. D’ailleurs, quand vous êtes inondé de lumière, l’art, par exemple. Une vraie œuvre d’art, pas une œuvre culturelle où on doit m’expliquer une œuvre d’art, c’est trop tard. Une œuvre d’art, cela vous rend immobile, silencieux et aligné. Vous regardez la Pieta par exemple, qu’est-ce que vous faites ? Vous arrêtez de bouger, vous avez la mâchoire qui tombe, et puis vous ne dites plus rien. Ca y est ! Vous êtes aligné aussi. Les géométries sacrées vous alignent aussi.

Vous rentrez dans une lieu sacré, qu’est-ce que faites ? Vous vous taisez. Puis vous avez tendance à être aligné. Et puis vous avez envie de vous arrêter quelque part. Ecoutez ça ! Immobile, silencieux, aligné. Dans certains endroits on doit se tenir correctement. La position pharaonique, pourquoi ? Parce qu’on est immobile, silencieux et aligné. Pourquoi on dit « taisez-vous » ? Pourquoi on vous dit « tenez-vous bien » ? Pour ces mêmes raisons, ça ne marche pas, ce sont des loi universelles. Donc voilà la méthode et la raison pour être heureux. Donc, vous avez de quoi faire. Ou de quoi défaire.

billets/2021/1220souffle_sain_pour_vent_toxique_9.txt · Dernière modification : 20/12/2021 12:25 de david